L’AFCF Alsace a toujours tenté de respecter les valeurs du club duquel elle est née (l’Amicale Française des Coureurs de Fond) et reprendre les idéologies de ce dernier. Un des objectifs de ce club est de permettre à des coureurs licenciés de se retrouver autour de divers marathons, au quatre coins de la Terre. Pour cela, ils proposent des déplacement en commun, ce qui permet à chacun de prendre part à un groupe afin de se réaliser dans une course souvent préparée depuis plusieurs mois !
Pendant de nombreuses années, l’AFCF Alsace a permis aux athlètes licenciés au club de prendre part à des déplacements organisés par le club et en partie financés par ce dernier. A hauteur d’un déplacement par an, des athlètes ont ainsi effectué le marathon de Salzbourg, Amsterdam, au Luxembourg,…

Après plusieurs années sans déplacements communs (moins d’athlètes souhaitant effectuer 42.195km ainsi que l’arrivée du COVID-19), l’AFCF Alsace a souhaité remettre cela au goût du jour et emmener les athlètes au Marathon de Berlin (23/24 septembre 2023) afin de leur permettre de se retrouver à plusieurs autour d’un objectif et d’un moment intense qu’est un marathon.
En amont, la préparation
Cette distance, si particulière, est autant redoutée qu’appréciée. La préparation, plus longue est exigeante que pour d’autres courses (10, 5, piste), doit être effectuée correctement si l’athlète ne veut pas (trop) subir pendant la course… C’est ce qu’ont fait assidument les 5 athlètes engagés dans cet événement, Julien, Nathalie, Pierre-Michel, Didier et Alain.
« L’envie de faire le marathon de Berlin 2023 germe l’année dernière au sein du club (merci Dides) et évidemment pas possible pour moi de ne pas en être, Berlin fait partie de mon histoire personnelle et partager cette aventure à plusieurs AFCF’s trop génial ! Je commence par me remettre en forme pour pouvoir attaquer la préparation spécifique à partir de début août, pas mal de PPG, programme sur 7 semaines de Jacky, qui se passe hyper bien grâce à ses conseils et encouragements, ainsi que les échanges et entraînements partagés avec les copains » (Nathalie).
Partis le vendredi en train, ils récupèrent leurs dossards et font, jusqu’à dimanche, un tour en ville sans trop se fatiguer afin de garder des forces.
« Je vais chercher le dossard à Tempelhof le vendredi soir, l’ancien aéroport qui servait notamment durant la guerre froide ! C’est gigantesque et l’organisation est incroyable ! Dossard 14 751 ! Le samedi matin nous passons un moment sympa avec le reste de la team : visite de la coupole du Reichstag, petit repas. L’ambiance est comme d’habitude géniale avec le groupe et cela permet de se détendre ! Nous passons devant l’entrée des coureurs, c’est immense et très impressionnant !! » (Julien).
Puis, le Jour J arrive, avec son lot de peurs et d’appréhensions que chaque athlète peut connaître avant un départ
La nuit est plutôt calme mais le réveil matinal : 4h du matin ! je reste dans le lit pour ne pas réveiller tout le monde mais je refais la course plusieurs fois dans ma tête : et si ma douleur du début de semaine se réveille, et si je suis explosé au 30ème kilométrique et si… ». Rendez-vous avec le reste de la team au point « Z » en hommage à Didier
. Nous entrons tous les 5 ensemble dans le sas de départ. On rit, on décompresse. On s’applaudit encore plus lorsque Eliud Kipchoge apparaît sur les écrans géants. On va courir le même marathon que lui !! Génial !
Je me sens prête et le jour J c’est carrément grandiose, on y est, tous les 5, Strasse des 17.Juni, dans le sas de départ, tout juste débarrassés de nos sacs poubelles (merci Margaud … Merci la météo heureusement si fraîche !) au milieu de 40 000 coureurs acclamant Kipchoge qui salue juste avant le départ!.
Et puis, vient le moment où c’est parti !!
Le départ efface les derniers doutes, le corps se met en action et réalise ce qu’il a apprit à faire depuis des mois (voire depuis des années) et le mental, surchauffé par le monde et l’événement, est prêt à affronter ces 42.195km !
L’excitation est à son comble, le départ officiel est donné, il nus faut près de 15 minutes pour passer la ligne départ, 2 groupes se composent : d’un côté Didier, Alain et moi et de l’autre Nathalie et PiMi (Pierre-Michel). On remonte tous les trois la file progressivement, c’est très dense et il y a du monde, beaucoup du monde, difficile de garder une allure fixe mais ma montre m’indique des temps intéressants. On a le temps de croiser nos magnifiques supporters au km 2 et devant la gare ! L’ambiance est incroyable ici mais également tout au long du parcours ! Au bout du 7ème km, arrêt « pipi » pour Didier qui nous rattrape facilement, nous courons dans le temps prévus autour de 4.45 – 4.50 au km. Les voyants sont au vert. Vers le 9ème, Didier décide de courir à son rythme. Alain et moi restons dans le nôtre, pas question de prendre des risques à ce moment là de la course, le but étant de rester frais le plus longtemps possible et de rester dans sa course. Sur ma montre, le temps me parait bon (autour des 1h41 sur le semi). Étant en auto suffisance, je ne m’arrête pas au ravitaillement, cela me permet de rester dans ma course, c’est mieux ainsi. Alain ralentit mais me rattrape facilement. C’est ainsi jusqu’au 24ème km où je ne retrouve plus Alain à la sortie du ravitaillement. Je ne le verrai plus.
Les 22 premiers kilomètres je cours avec PiMi qui, dû à une blessure au genou a pris le départ en allure modérée, on s’encourage, on fait attention à garder l’allure, pas trop vite pour pouvoir tenir, je bois un peu à chaque ravito comme prévu, un morceau de banane pour recharger les batteries au 22 et 30e km, no stress, un arrêt technique, puis un 2e pour resserrer une chaussure, je suis à l’écoute de mes sensations, concentrée sur chaque foulée. Le parcours est incroyable, du monde et de la musique partout, des coureurs du monde entier, des avenues très larges où on n’est pas gêné, et nos supporters strasbourgeois qui nous encouragent et prennent le U-Bahn pour nous retrouver vite plus loin, heureusement il y a le tracking grâce à la puce. Je reconnais des monuments, des rues de “mon” Berlin, j’ai dans le cœur toutes les pensées de la famille, amis, collègues qui me portent !.
Dernière partie de course, les athlètes doivent s’accrocher
Tous les sportifs qui font de la course à pied connaissent (vaguement ou précisément), le mythe du mur vers le 30e km lors d’un marathon. C’est une sensation qui vous arrive de plein fouet, dans votre corps et votre esprit, vous donnant l’impression que plus rien ne fonctionne et que tout devient extrêmement compliqué. Nos athlètes, bien qu’entraînés, n’y échappent pas, même s’ils ont chacun leurs techniques pour tenir:
Les derniers 7-8 km, la fatigue se fait sentir, les jambes lourdes, je marche un peu et me rappelle la phrase de Jacky “tant que tu cours c’est bon “ et je repars. La porte de Brandenbourg se fait lointaine, puis enfin je passe sous ce monument mythique, les dernières centaines de mètres, plus possible de sprinter mais les jambes y vont, j’y suis et je boucle les 42,195 km en 3h56’22 ! Objectif atteint – et une course avec tant d’émotions positives, des moments inoubliables !
Vers le 35ème km, je sens les jambes qui commencent à être lourdes, je bois de l’eau, du coca pour garder la cadence mais le rythme baisse progressivement : je perds d’abord 10 sec par km sur 3 km, puis après 20 sec par km, cela commence à faire beaucoup d’autant que le soleil est désormais bien présent ! Nos supporters revus au 36ème km me porte que quelques mètres, c’est déjà cela ! Je serre les dents, pense aux entraînements, à tous les conseils transmis et je prends sur moi, relance dès que je peux mais la fin est poussive. A chaque virage j’espère voir la porte de Brandebourg… et enfin elle apparaît, je souris, il reste moins de 1 km, Je relance une dernière fois et passe la ligne d’arrivée en 3h25’54. Pas dans l’objectif prévu mais j’ai le sentiment d’avoir tout donné et mon état à l’arrivée me le confirme !





Nos athlètes, après l’arrivée, se retrouvent et profitent ensemble de la fin de la journée, d’abord autour d’une bière sans alcool puis, après la douche, une fois au chaud, autour d’un bon repas, d’une autre bière (alcoolisée celle-là) et entourés de leurs accompagnateurs, si importants dans ces moments-là !


